« Zoulou Tchaing » de PNL, extrait du dernier album « Deux frères » de PNL sorti en 2019, est un morceau introspectif et mélancolique où les deux frères livrent la vision de leur vie recluse, marquée par la rue, l’argent, et les regrets.
Lors d’une soirée fraiche d’été, les deux rappeurs se posent ensemble et reviennent sur leur parcours. Le constat est néanmoins amer : « je suis bon qu’à écrire des textes de merde ». Comme si le rap n’était pas un art, que c’était une activité presque sale. Comme dans un brouillard anesthésié de toute lumière, de tout espoir, de tout bonheur.
Maintenant que la survie est assurée, qu’ils ont de l’argent et prouvé leur valeur, ils prennent enfin le temps de réfléchir à leur vie, à leur sentiment et s’ouvrent à l‘introspection : « J’essaie de comprendre ce que je suis devenu tard le soir. »
Malgré un parcours hors du commun et une percée fulgurante dans le monde du rap, ils semblent tous deux incapables de savourer leur réussite, noyée par les regrets de ce qu’ils ont fait.
Ils reviennent sur leur enfance, réalisant qu’en grandissant dans le quartier, ils ont été bousillés par la mentalité de la rue et resteront matrixés par ça à vie. Même s’ils parviennent physiquement à s’extirper de la rue, à vivre sur une plage, eux et leurs proches ont la même mentalité conditionnée, si bien que mentalement ils resteront toujours coincés dans ces quartiers bétonnés.
Alors, ils sont incapables de faire confiance et ne comptent que sur l’argent pour s’en sortir. Ils n’ont que ça pour exister. C’est lui qui résume toute leur vie : pas la gloire, le trône du rap français, mais seulement l’argent, l’obsession de s’en mettre plein les poches comme à l’époque où ils dealaient.
Quand j’aurai plus d’haine, je m’en irai
Et pourtant, ils sont plein de contradictions : malgré tous ces billets, ils ne rattraperont jamais le temps – encore des regrets de ne pas avoir profité du passé et pourtant incapable de profiter du présent. On sent une nostalgie chez les deux frères, un état presque anesthésié de tout sentiment et pourtant, c’est bien la colère qui leur a permis de réussir. La haine les a poussés à ne jamais rien lâcher, à se battre contre le monde entier, sûrs qu’ils finiraient par gagner – ils avaient la haine d’être rabaissés et sous-estimés alors ils l’ont transformés en force, en motivation et en victoire en demi-teinte.
Leur introspection les pousse jusqu’à l’enfance, période à laquelle leur père les a élevés seul. Ils lui dédient une courte lettre d’amour « pour ton sourire, je donnerais ma place au paradis ». Est-ce qu’un jour les eux frères réussiront à se défaire de leur passé ?
Voici d’autres articles à lire si vous avez aimé les artistes :
Laisser un commentaire